La persistence du temps
bois gravé
36 x 51 cm
2018
La persistence du temps est une oeuvre explorant les considérations temporelles du paradoxe irréversibilité/reproductibilité en estampe. Une des caractéristiques inhérente à l'estampe est son aspect reproductible : avec un élément unique, on peut créer des impressions de manière virtuellement infinies. Cependant, lorsque la matrice est le moindrement altérée, toutes les estampes imprimées préalablement deviennent soudainement les seuls exemplaires subsistants, témoins d'un état révolu. Le paradoxe se produit alors dans la transformation continuelle de la matrice : chaque coup de gouge fait passer d'un état de reproductibilité éternelle à un autre, mais efface aussi simultanément ce dernier lorsqu'une intervention supplémentaire est ajoutée.
Ainsi, le temps transforme continuellement la matrice, cristallisant sa forme précédente à chaque intervention.
Dans le même ordre d'idées, le sujet représenté dans cette gravure se trouve à être la cathédrale Sainte-Mère-de-Dieu d'Ani (Arménie). Ce bâtiment fût constamment en proie aux aléas temporels et humains qui aggravèrent toujours davantage sa condition. Tremblements de terre, pillages, et dégradations multiples, ce bâtiment religieux fût aussi au cœur du génocide arménien de 1915. Cependant, plusieurs archives (gravures et photographies) de ce monument réussirent à cristalliser sa détérioration au fil des âges.
Dans cette oeuvre, une matrice de bois est utilisée en raison de son histoire avec l'estampe, considérant qu'elle a été la première forme d'impression (VIIe siècle en Chine), la gravure sur bois a aussi traversé les âges, qui tout comme la cathédrale d'Ani, s'est vue altérée par le Temps pour devenir comme nous la connaissons.
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Le sujet et l'objet sont une succession d'états à travers le temps
Image représentative d'une cathédrale arméniennne, où plusieurs traces démontrent une intervention du Temps qui est à la fois permanente et irréversible sur un sujet qui où ses états seront imposés sur l'image précédente avec aucune possibilité de revenir en arrière.
Dans cette oeuvre, une matrice de bois est utilisée
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la gravure sur bois étant la technique d'impression la plus ancienne (VIIe siècle)