Gabriel Mondor

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Brûlures abstraites grandit depuis l’hiver 2022. C’est à ce moment que Gabriel Mondor, artiste multidisciplinaire, a peint 50 peintures à l’huile uniques. Au printemps, il les met en vente, en ligne, au prix coûtant des matériaux. De fil en aiguille, des personnes de partout au Québec ont acquis une œuvre; toutes les toiles ont été achetées.

 

Chacune des transactions impliquait aussi la livraison, au courant de l’été, du tableau par Gabriel. Plus qu’un simple moment pour distribuer une marchandise artistique, chaque rendez-vous prévoyait une discussion enregistrée autour d’un feu entre le peintre, l’acquéreur·se et les membres volontaires de son entourage. 

 

Dès les premiers instants de son arrivée, Gabriel dévoilait une implication subséquente : la rencontre avec cet objet d’art n’était possible que si l’acheteur·se acceptait que la toile soit brûlée dans un foyer portatif bâti à cet effet. Toutefois, le·la propriétaire pouvait refuser de brûler, et donc de payer, l’œuvre. Dans ce cas, la toile resterait dans sa boîte de transport. Elle ne serait pas vue, mais la discussion avec l’artiste aurait tout de même lieu.

 

Chaque propriétaire a accepté que sa toile s’enflamme ; la moitié des cendres de leur brasier respectif leur a été offerte, l’autre part étant intégrée à Brûlures abstraites. 

 

Les conversations enregistrées autour des feux sont maintenant devenues les pierres angulaires de l’exposition que vous vous apprêtez à visiter. Les paysages, les portraits et les explorations abstraites sont maintenant des œuvres qui vivent à travers les témoignages et les cendres. Ce sont des traces orales et concrètes qui marquent l’existence des 50 feux ayant engendré 50 discussions. Ces rencontres ont été illuminées par une multitude de pistes de réflexions subjectives. Au fil de la destruction matérielle, la valeur immatérielle de l’œuvre prenait de l’ampleur, nourrie par les échanges. 

 

Au cœur de ces réflexions émerge une question : que reste-t-il de la valeur d’une œuvre si elle est réduite en cendres ?

 

C’est dans le brasier des rencontres, des discussions et des interrogations qu’ont été forgées les trois salles de Brûlures abstraites. Elles interagissent entre elles comme des vases communicants dans lesquels vous êtes invité·e·s à vous laisser porter.